PRÊTRES MARTYRISÉS A RENNES.

 

 

PIERRE DENOUAL

 

(28 NOVEMBRF, 1793).

 

 

 

 

Les premiers prêtres de notre diocèse, dont le sang coula sur l'échafaud de Rennes, furent exécutés par les Commissions militaires créées dans cette ville à la suite de la victoire des Vendéens à Fougères, en 1793.

 

En tète de cette glorieuse liste de nos martyrs, victimes de l'impiété révolutionnaire, figure Pierre-Joseph Denoual, natif de Saint-Brieuc- des-Iffs.

 

Fils de Thomas Denoual et de Françoise Chevalier, né et baptisé le 24 janvier 1762 (t), M. Denoual fut d'abord cultivateur comme ses parents et demeura avec eux, à Saint-Brieuc-des-Iffs, jusqu'à l'âge de vingt et un ans, « gagnant son pain à la sueur de son front (9). » Néanmoins, tout en travaillant à la terre, le jeune homme reçut d'un bon prêtre de son pays natal l'instruction nécessaire pour pouvoir se préparer à l'état ecclésiastique et se présenter aux ordinations de l'évêché de Saint-Malo, dans le territoire duquel se trouvait alors Saint-Brieuc-des-Iffs.  Pierre Denoual reçut, en effet, la tonsure et les ordres mineurs, le 20 septembre 1784; ordonné sous-diacre le 17 juin 1786 et diacre en juin 1787 (3), il fut honoré du sacerdoce, le 22 septembre 1788.  Un an plus lard, au mois de décembre 1789, le jeune prêtre arriva en qualité de vicaire à Gommené, paroisse faisant alors partie du doyenné de la Nouée et du diocèse de Saint-Malo (4).

Le recteur de Gommené était Jean-Baptiste Julliot du Plessix, vénérable prêtre appartenant à une famille noble de notre pays; il mourut en 1791, après avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé; sa fermeté fut imitée par ses deux vicaires Pierre Denoual et Augustiri Lernoine ; l' un et l'autre devaient d'ailleurs verser leur sang pour Jésus-Christ, car ce dernier, demeuré caché  Gommené, y fut assassiné, le 6 août 1795 (1).

 

Quant à Pierre Denoual, il signa pour la dernière fois, le 8 juillet 1792, sur les registres de l'église de Gommené. « Ferme « et inébranlable dans sa foi, ardent contre les jureurs, » il ne se crut pas en sûreté dans la contrée, « sa noble ardeur l'y rendant « suspect (2). » Il gagna d'abord Merdrignac, puis vint se cacher> chez sa mère, à Saint-Brieuc-des-Iffs.  Là il exerça clandestinement quelques actes de son ministère et maria notamment Geffroy Duclos et Julienne Desvaux.  Par malheur il n'y demeura pas et voulut aller voir des connaissances à Lanhelin ; il fit en chemin la rencontre de quatre contre-révolutionnaires,, avec lesquels il commit l'imprudence de continuer, sa route, mais il fut arrêté avec eux, le 27 novembre 1793, sur le territoire de Meillac et conduit immédiatement à Rennes, par les gendarmes de Hédé.

Le lendemain l'abbé Denoual comparaissait devant la Commission militaire présidée par Brutus Magnier -. malgré ses protestations de « n'avoir jamais été à aucune révolte, ni à aucun combat, « même (le plus d'avoir défendu les révoltes des campagnes, qui « auraient pu arriver sans ses conseils, » le pauvre prêtre fut condamné à la peine de mort, parce qu'il était, quoique insermenté, demeure en France, avait continué « d'exercer, secrètement ses fonctions curiales » et avait été « arrêté avec d'autres brigands, « ce qui prouve qu'il faisait partie de l'armée catholique (3). »

Guillotiné quelques heures après sa condamnation, le 8 frimaire an II (28 novembre 1793), à six heures du soir, M. Denoual reçut la mort avec courage.  Brutus Magnier, qui assista à l'exécution, le constate en ces termes dans le registre où il mentionne tous les actes et toutes les décisions de la Commission : « A « l'ouverture de la séance, le président rapporte que Denoual a « montré aux approches de la mort la plus grande fermeté; qu'il « a fait parade de ses principes royalistes (4). »

 

Le souvenir de Pierre Denoual est demeuré vénéré tant à Saint- Brieuc-des-Iffs qu'à Gommené.  Dans cette dernière paroisse on célébrait récemment, le Il novembre 1893, avec grande piété et juste solennité, le centenaire de la fin Glorieuse des trois prêtres martyrs de la localité : MM.  Denoual et Lemoine, vicaires et M. Cochon, natif de Gommené.  Celle pieuse cérémonie fit ainsi revivre les souvenirs laissés par ces courageux confesseurs de la foi et on ne peut qu'en Jouer les promoteurs.

 

(1)     Un autre prêtre, natif de Gommené, Mathurin Cochon, périt égaiement de mort violente, le 8 septembre 1798, victime de son attachement à l'Eglise.

 

3) A cette occasion Jean et Julien Denoual, frères du jeune diacre lui constituèrent un litre clérical.

 

 

 

Extrait de : «  les confesseurs de la foi pendant la révolution sur le territoire de Rennes »

L’abbé Guillotin de Corson